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Le Facteur Humain

4.3 Autorité et pouvoir

Tout milieu de travail a des règles, des structures, des hiérarchies, mais sous l’organigramme officiel gît une vérité plus profonde : le pouvoir ne se résume jamais aux titres. L’autorité peut être accordée formellement, mais le pouvoir s’exerce informellement — dans les conversations, les décisions, qui est entendu et qui est ignoré.

Pour naviguer le facteur humain, il faut voir les deux : les structures d’autorité visibles et les flux de pouvoir invisibles.

La nature de l’autorité

L’autorité, c’est le droit formel de décider et d’exiger la conformité. Elle vient du poste : gestionnaire, superviseur, chef d’équipe. L’entreprise investit ces personnes d’autorité et attend l’obéissance.

Mais l’autorité a des limites. Un gestionnaire peut exiger l’obéissance; il ne peut exiger le respect. Il contrôle l’horaire, pas l’attitude. Sans pouvoir (capacité d’influence), l’autorité devient cassante.

Les sources de pouvoir

Le cadre classique de French et Raven identifie cinq sources de pouvoir (plus tard six) :

  • Légitime — lié au rôle/titre.

  • Récompense — capacité d’accorder avantages et promotions.

  • Coercitif — capacité de punir (avertissements, rétrogradations, congédiements).

  • Expert — compétence/savoir.

  • De référence — charisme, prestige, capital relationnel.

  • Informationnel — accès à l’information.

La plupart des gestionnaires s’appuient sur le légitime, la récompense et le coercitif. Ceux qui façonnent vraiment la culture jouent surtout de l’expert, du référent et de l’informationnel.

Vignette : Le vrai patron
Sur papier, le gérant dirige. En réalité, la personne la plus écoutée est la vétérane de 20 ans : elle connaît chaque client, dénoue les problèmes que le gérant ne voit pas. Quand elle parle, on écoute.
Différence entre autorité et pouvoir : l’autorité porte le titre; le pouvoir commande la pièce.

Le côté sombre du pouvoir

Le pouvoir n’est ni bon ni mauvais — tout dépend de l’usage. L’École des Coups Durs montre comme il s’abuse facilement :

  • Un superviseur use du coercitif en humiliant en public.

  • Un pair use de l’informationnel pour propager des demi-vérités.

  • Un charismatique bâtit une clique qui mine l’équipe.

Sans garde-fous, la confiance s’érode vite.

Réseaux informels

L’autorité est visible à l’organigramme. Le pouvoir circule dans des réseaux informels : qui dîne avec qui, qui partage des confidences, qui s’échange des services. Ces réseaux peuvent soutenir la structure officielle — ou la subvertir.

Vignette : Une politique descend du siège social. Officiellement, le gérant l’annonce. Officieusement, tout le monde attend l’avis des leaders informels. S’ils adhèrent, la politique tient; sinon, l’observance s’évapore.

Psychologie de l’obéissance

Les expériences de Stanley Milgram ont montré jusqu’où on obéit à l’autorité, même contre sa conscience. Le milieu de travail en est l’écho. Beaucoup se conforment non par accord, mais par pression.

À la longue, l’obéissance aveugle ronge le moral. La direction réelle requiert plus que l’obéissance : légitimité, confiance, respect.

Leçons

  • L’autorité ne suffit pas. Les titres n’animent pas les gens; la compétence et la confiance, si.

  • Repérez les flux de pouvoir. Le chart dit qui commande; la carte informelle dit qui compte.

  • Méfiez-vous des abus. La peur et la manipulation empoisonnent vite.

  • Bâtissez votre pouvoir. Expertise, crédibilité, information — même sans titre.

À retenir : L’autorité est accordée; le pouvoir se mérite. Les meilleurs milieux alignent les deux.

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